Jadis nous gambadions l’esprit libre et le cœur léger. Rimbaud l’exprimait ainsi : « Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, — heureux comme avec une femme. ».
Cependant il y a bien longtemps que nous avons abandonné cet enfant en nous, dès le commencement semblerait-il. Cela a débuté dans la violence de l’éducation parentale, puis à l’école de la république. On nous a élevé dans la comparaison, la compétition des notes et du sport. Ça s’est poursuivi dans les modèles et les schémas que nos parents nous ont transmis, pour être bien conforme à cette société névrosée, pour ne pas faire de vagues.
L'autorité parentale est basée sur la discipline, la violence et le conformisme. C'est en comprenant le sens de la liberté que l'on comprend ce que signifie la discipline. On a souvent tendance à penser que c'est en se libérant des contraintes que l'on peut goûter à la liberté. Mais la liberté et la discipline vont de pair. La vraie discipline implique d’apprendre de tout. Celui qui sait apprendre est totalement différent de celui qui ne connaît que la soumission. Quand on apprend et que l’on sait observer, on ne se contente pas d'interpréter les choses selon son bon plaisir spécifique. Apprendre à connaître à partir de ce qui est factuel permet d’être lucide et pragmatique.
Quand on parle de discipline on suggère qu’il y a une entité distincte qui se discipline conformément à quelque chose. C'est une approche dualiste, car s'efforcer de contrôler sa conduite est en opposition avec ce que l’on fait en réalité. Cette contradiction provoque des tensions intérieures. La discipline que l’on retrouve un peu partout n’est que du conformisme. Elle entraîne la révolte contre cette pression sociale. C'est une démarche basée sur l'obéissance, mais le fait de contraindre entraîne naturellement de la résistance.
La vraie discipline est d’apprendre à se connaître mais aussi d’apprendre de tout à chaque instant. Là où il y a du conformisme il y a nécessairement ce besoin de se comparer, de se mesurer, d'être en concurrence. Cet état d’esprit entretient une violence intérieure, et se perfectionner va à l'encontre de la liberté intérieure. La comparaison et le conformisme entraînent toutes sortes de souffrances psychologiques. Vivre sans se comparer à un autre permet de retrouver l’innocence. C’est à cette condition que l’on ressuscite l’enfant qui est en nous.
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