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La jeunesse dans tous ses états.




Il y a ceux qui dans ces quelques lignes verront un message d’espoir, et puis ceux qui ne percevront que de la désillusion ; à chacun son dû.


On peut être jeune par le nombre d’années et pourtant vieux et sénile intérieurement. On attribue la fraîcheur et la spontanéité à la jeunesse. On utilise des expressions de seconde main sans questionner leur validité. On dit que la vérité sort de la bouche des enfants et que l’avenir est dans les mains de la jeunesse. Foutaises ! Demain, ils seront vieux à leur tour.


Observez attentivement l’état de la jeunesse et vous verrez l’immobilisme, le manque de confiance, de foi, le besoin de reconnaissance, la peur d’échouer, d’être jugé. Ils sont déjà préoccupés par le montant de leur future retraite, si jamais ils en voient la couleur. Ils sont bien trop alourdis par le poids de leur scolarité. Ils préfèrent prendre la tangente, se réfugier dans le virtuel, c’est moins effrayant. Nulle trace de dynamisme dans tout cela, ni d’élan nouveau ! Cela ressemble plutôt à une vieillesse prématurée. On sacralise la jeunesse parce qu’on est devenu vieux psychologiquement. La vie n’est pas la mesure chronologique du temps mais bien la vitalité qui nous anime.


Je ne sais pas si vous vous êtes déjà fait la remarque, mais il y a toujours quelque chose qui relève de l’incongru à fêter son anniversaire, avec le bon nombre de bougies. Notre esprit est fragmenté par toutes ses images, aussi aime-t-il diviser sa vie en séquences pour se créer des souvenirs, qui sont d’autres images.


Notre vie consiste à enregistrer des images, des symboles et des représentations. Ils viennent meubler le vide, prendre de la place et donner corps à ce que l’on est. On aime se raconter sa vie et la raconter en retour à grands coups d’albums photos, pour bien s’en convaincre, et pour se sentir exister aussi. On enregistre ainsi toutes sortes de choses dans cet album existentiel : des souvenirs parfois douloureux, des blessures, dont certaines profondes, des expériences et des peurs. On enregistre, on enregistre, on enregistre. On est le greffier de sa vie et on consigne le temps. Telle est notre occupation majeure.


On porte le poids du passé. Il est comparable à l’état de jeunesse de notre vie : plus on a de passé, de passif, et plus on est vieux. Le passé est le connu et il alourdit l’existence. La pensée est un cimetière de souvenirs que l’on arrose à coups d’instants figés. Et ainsi va la vie.


Là où trônent les gens chargés de leur passé, vivent des êtres pleins de jugements, de certitudes, d’autorité et de suffisance. Il n’y a plus de place en eux pour la beauté ni l’amour. Ils vous expliqueront la vie avec insistance et prêcheront leurs d’idéologies sans jamais convaincre, sauf les crédules. En réalité leur cœur est vide. Mais doit-il en être ainsi ? Est-il possible de rester jeune malgré le nombre des années ? Et puis que signifie être jeune, et qu’est-ce que la vitalité ?


Sûrement l’individu qui questionne, qui fait table rase du passé, qui est attentif, alerte et immobile, curieux de tout, doit sûrement savoir ce qu’est la jeunesse. Celui qui est vivant et insouciant et qui entretient le silence doit sûrement savoir ce qu’est la jeunesse, la beauté et l’amour, quand bien même il aurait quatre-vingt-dix ans.

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