Tout d’abord, qu’est-ce qu’être un homme ou une femme, et quelle est la nature de nos relations ? Le genre existe-t-il ? Y a-t-il une différence fondamentale entre les deux sexes ? Pouvons-nous questionner objectivement par nous-mêmes, sans nous référer à l’avis des spécialistes ? Je l’espère.
C’est sûr, les deux sont des images véhiculées par leurs descriptions. Quand on dit "un homme", cela sous-entend certaines notions conditionnées, de même pour une femme. Mais ces deux notions sont-elles vraiment bien distinctes ? En êtes-vous bien sûr(e) ? Et quelles sont ces représentations ?
Un homme est historiquement dominant voire machiste, n'ayons pas peur des mots. Il doit incarner la force et la puissance, tout comme l’étalon ou le taureau. C’est lui qui chasse, qui pêche et qui tue. Il aime fumer le cigare, ça contribue à lui donner une image plus virile. Il travaille pour financer les envies de sa femme et de sa famille. Professionnellement, c’est souvent lui qui est le mieux rémunéré, machisme professionnel oblige. Il doit savoir bricoler et préfère laisser sa compagne cuisiner, faire le ménage, la couture, le repassage, le sale boulot quoi ! L'excentricité n’est pas son truc, c’est pour les fillettes. Côté vestimentaire, il privilégie le noir et porte le pantalon (il y a bien entendu des exceptions). Il pratique un sport de compétition et il reste fasciné par les arts martiaux. C’est qui le plus fort ?
Il aime parler politique, picoler et avoir le dernier mot. Il a le luxe de pouvoir vieillir tout en restant séduisant s’il a de l’argent, contrairement à la femme qui doit perpétuellement entretenir son état de jeunesse pour continuer à plaire et se rendre désirable. La pression sociale est beaucoup plus importante sur elle que sur lui. C’est aussi lui qui a le rôle d'emballer sa promise. Il aime qu’on lui dise qu’il est comme les autres, comme ses potes. Il boit de la bière et porte le maillot de l’équipe.
Pour cela, deux idéologies s’affrontent : d’un côté le PSG, de l’autre l’OM.
Il adore avoir la plus grosse montre, bagnole : symboles du pouvoir et de la réussite sociale. Il lui faut aussi une belle femme, user de sa force physique et en abuser si nécessaire. Côté fringues, ce n’est pas bien compliqué : le pantalon. Les accessoires : souliers vernis, cravate et montre. Dis-moi laquelle tu portes, je te dirais… On pourrait continuer ainsi indéfiniment, sans être très loin de la réalité et sans prendre le moindre risque.
Et puis il y a la femme. Elle doit être séduite et conquise. Elle croit au prince charmant et au grand amour. Elle rêve de se marier avec un bon parti. Mais il ne faudrait pas qu’elle se mette à aimer une autre femme, malheureuse ! Ça remettrait en cause l’utilité du mâle. Son petit univers phallocentrique s'écroulerait alors. Il ne supporterait pas. Ça se terminerait en drame. Elle ne doit aimer que le standard autorisé. C’est jugé moins sévèrement si ce sont deux hommes qui s’aiment.
Elle a besoin donc d’être protégée, par un fort de préférence et doit toujours paraître fragile. Contrairement aux hommes, elle déteste qu’on lui dise qu’elle est comme toutes les autres. Elle veut être l’unique, la seule, la plus belle, et toutes les autres belles femmes sont ses rivales, signe d’un égocentrisme caractérisé.
Arrive ensuite le temps de la grande transformation. Elle doit alors endosser la tenue de Sissi pour se conformer à l’image et « devenir une femme ». C’est à ce moment-là qu’elle se met en scène. Elle commence par se laisser pousser les cheveux : sa première arme de séduction massive. Elle considère alors les franges, les mèches, les dégradés, les ondulés, les nattes, les boucles. Mais aussi les cheveux longs, courts, mi-courts, carrés droits, carré plongeant, carré bouclé, carré vintage, carré court froissé, carré iroquois et les brushings.
Puis viennent les colorations permanentes, ou semi-permanentes, les bio naturelles ou les shampoings teintés, les balayages ou ton sur ton. Ça vous donne alors des blondes puis des brunes, des rousses et des auburns. Chaque image a sa couleur. La mise en scène de la chevelure est tout un apprentissage. Ça donne aussi de la contenance, bien que le besoin de se les tripoter quand un enjeu se présente relève d’une grande insécurité et d’un manque de confiance certain.
Elle se maquille ensuite et se laisse pousser les ongles des mains comme des pieds, pour ensuite les vernir. Elle se crème de partout pour que ça brille et que la peau paraisse plus molle. La douceur, c'est aussi son domaine. Le tableau subit alors une mise en couleur, puis des retouches, avec une palette complète d’accessoires de maquillage à sa disposition. La beauté est un business avant tout.
Pour la base, elle s’appliquera un fond de teint, qui pourra ensuite accueillir du fard à paupières, du rouge à lèvres qui repulpe, un blush belle mine, de la poudre anti-cernes, un eye-liner regard profond, un stick enlumineur, sans oublier le mascara volume et longueur. Le maquillage, c’est un peu l’apprentissage de la peinture. Il y a plusieurs styles possibles. Elle peut alors donner dans l’expressionnisme, l’impressionnisme, le symbolisme ou l’abstrait. C’est au choix, en fonction des humeurs.
Elle s’épile ensuite de partout : sourcils, aisselles, demi-jambes et pubis, que l’on nomme le maillot. Il ne doit plus rester une trace qui s’apparenterait à des signes de masculinité. Le poil est l’ennemi de la femme. Alors tout doit disparaître, comme à la grande braderie de Lille.
Quant aux accessoires, passons-les en revue, de haut en bas. On retrouve les barrettes, chouchous, perruques, faux cils, faux ongles, faux seins, faux cul. Il y a aussi le sac à main : objet culte, identitaire et statutaire. Il ne se porte pas n’importe comment, toujours avec l’avant-bras levé voyons. Dis-moi quel sac tu portes et je te dirai qui tu es. Il y a des indémodables bien sûr, mais qui valent la peau des fesses.
Place maintenant à la mise en scène de la sexualité. On dégaine alors de la lingerie, et des sous-vêtements : soutiens-gorge, jarretelles, porte-jarretelles, bas résille, collants et strings. De la finesse vous dis-je, car l’intimité et la séduction, ça se travaille monsieur. Ça ne s’improvise pas. C’est un métier. Elle en connaît un rayon. Elle vous fait tomber n’importe quel bonhomme les yeux bandés, et pas que…
On n’est pas totalement féminine si l’on ne porte pas de bijoux. Pour cela, on peut trouver une multitude de breloques pour satisfaire ses envies : colliers, pendentifs, bagues, chevalières, boucles d’oreilles, bracelets, que l’on peut porter au poignet, mais aussi à la cheville. Et si l’on attend du massif et non pas du toc parce qu’on le vaut bien, il vaut mieux se le faire offrir. Dis-moi alors combien tu as dépensé et je te dirai combien tu m’aimes. Quant au piercing, on le retrouve sur toutes les parties du corps, surtout les plus intimes. Toute cette panoplie vient rajouter de l’excentricité et du raffinement.
Le type de théâtralisation intime qu’elle choisit dépend de l’enjeu du moment. C’est un peu comme pour un chasseur qui ne prend pas les mêmes cartouches en fonction du gibier qu’il convoite. Le gros cerf régnant en maître dans la forêt ne s’abat pas comme un petit lapin de Garenne. Pour le premier, on dégaine la grosse chevrotine avec un deux coups, tandis que pour le petit rongeur un simple lance-pierres fait l’affaire voyez-vous ? La lingerie fine répond aux mêmes objectifs.
Côté vestimentaire, il faut bien attirer le chaland. Elle porte alors la jupe, la robe courte, mi-longue, longue ou échancrée. Ces artifices nécessitent un certain apprentissage et une certaine maîtrise quand elle s’assoit. Il faut bien penser à croiser les jambes, pudeur oblige. Il y a même des livres qui vous expliquent comment faire, mais cela suscite aussi l’intérêt et la convoitise. On peut d’ailleurs mesurer le degré d’intérêt chez l’autre, à sa manière pas toujours discrète de se rincer l’œil. Par contre il faut savoir en jouer mais pas en abuser. Ça peut aussi jouer des tours…
Il convient néanmoins de s'asseoir selon les us et coutumes, avec le dos bien droit, les jambes accolées et le pli de la jupe au plus bas, afin de ne pas exhiber ses sous-vêtements, car on ne dévoile pas toutes ses cartes à l’ouverture, tout comme au poker. Maintenir une assise élégante est « une touche féminine » que les hommes en quête de distraction apprécient.
Arrive ensuite le chemisier et son décolleté, car les seins sont le deuxième gros atout : les grands globes laiteux sont les symboles de la maternité. Ainsi, tout ce qui permet de montrer une partie de son corps et de le valoriser, d’attirer le regard, de vendre et se vendre ne doit pas être laissé au hasard. La théâtralisation de la poitrine demeure l’élément central du dispositif. Quant aux vêtements, elle privilégie le moulant, pour bien dessiner les courbes que l’on attribue à tort à la féminité. Elle cherche à accentuer les formes comme elle peut, en ramenant de la rondeur, une esthétique plus subtile.
Les chaussures n’échappent pas non plus à l’attirail des indispensables. On y trouve l’escarpin classique, le styletto, le sling-back, la ballerine, le mocassin classique, le mocassin à semelle crantée, le slipper, les babies à talon puis les bottines, les bottes et les cuissardes. L’usage des talons hauts et des talons aiguilles permet de souligner la finesse et la longueur de la jambe. Son effet « orthopédique » modifie aussi son allure, voire la structure des muscles de ses jambes. Elle se retrouve ainsi perchée, comme sur des échasses, du haut de sa petite taille. Elle peut alors déambuler et se déhancher pour se faire remarquer. Sa démarche relève parfois de l’incongru et du pathétique, impossible alors de passer inaperçue. Mais tout cet arsenal la rend aussi plus vacillante, plus lente, moins sûre.
Elle doit impérativement avoir une haleine fraîche, et ne rien sentir, si ce n’est le parfum. Somme toute, chaque partie du corps est soigneusement travaillée, valorisée, montrée, scénarisée, semi-offerte. C’est gratuit jusqu’à la caisse, entend-on dans les souks marocains. On n’a jamais vu une telle sophistication ni un tel soin porté aux moindres détails, à part peut-être pour les cathédrales. Les deux sont issus du même besoin de déifier. Devenir une femme n'a rien de naturel. C’est un travail d'orfèvrerie. Ça se construit dans la durée. Il faut en maîtriser les codes. C’est un apprentissage depuis le berceau. Ça commence avec la poupée, la dînette, et ça finit plus tard au plumard. Elle doit aussi savoir sourire en toutes circonstances. Ça aide à se positionner.
Elle aime aussi le rose et l’excentricité, la modération et les compromis. C’est elle la garante de tous les dogmes, de toutes les croyances et de toutes les superstitions. Elle accepte son rôle vaillamment, pour être soumise et rester fidèle, pour bien accepter l’autorité. Elle admet son fardeau pour avoir un statut : celui de l’éducation de sa progéniture. Cela fait deux mille ans que ça dure, ce n’est pas rien. Elle travaille sur elle-même comme on tiendrait un fonds de commerce, toujours bien achalandé, bien désirable, bien approvisionné, avenant, généreux et sans rupture. C’est qu’il en faut du matériel pour créer l’illusion, les magiciens le savent bien.
Je ne porte aucun jugement sur tout cela, je me contente d’observer ce que je vois… Je suis bien conscient que chacun(e) fait le maximum et que ce n’est jamais assez. Je ne condamne rien car je succombe également aux images, bien que de moins en moins. Je me détache un peu plus chaque jour de l’aspect plastique de la vie. Et puis j’ai de moins en moins envie de jouer la comédie. L’authenticité semble plus juste, en ce qui me concerne. Et puis je sors perdant à chaque fois qu’il faut prétendre. Je suis pourtant bon joueur.
La symbolique féminine a son lot d’images : la mère, qui doit une bonne mère, maternelle et aimante car sans sa générosité, l’homme aurait laissé périr l’humanité depuis bien longtemps. Et puis il y a une autre subtilité : la dame. À ce stade, je serais bien incapable de décrire cette nuance qui existe entre elle et la femme. Il y a aussi la maîtresse, la prostituée, la grand-mère, la jeune fille, la demoiselle qu’il faut déjà conditionner à endosser sa future toilette. Idem chez les hommes, bien qu’il n’y ait pas d’équivalent "demoiselle" et de statut particulier pour cet âge chez le jeune pubère. Le p’tit gars, ce n’est pas bien compliqué, il fera comme son père.
C’est à ce prix que l’on peut prétendre concourir dans la catégorie « femme ». Ça ne s’improvise pas, ça se transmet comme un héritage. Grand-mère, mère et fille, en cascade.
On ne peut pas parler de transformations sans parler de chirurgie esthétique. On voit désormais passer des visages standardisés, avec des bouches toutes « repulpées », qui font penser à ces gens qui, après avoir mangé une pomme de supermarché, ont les lèvres qui gonflent, en réaction aux vingt-huit traitements de pesticides qu’elle aura subie. Le juteux business de la transformation chirurgicale nous vante les mérites de sa boucherie, afin de « corriger » définitivement certains aspects disgracieux du visage, à tout âge, et de « contrer » les effets du vieillissement.
En somme, la femme doit toujours rester jeune. On ne l’autorise pas à vieillir en paix. Ce qui est bon pour l’homme ne l’est pas pour elle. Elle s’injecte alors du Botox de partout, pour faire fuir l’effet du temps, telle une ménagère compulsive, obsédée par la poussière. Une petite marque et hop, un petit coup de seringue. Son visage devient alors statique, et dans certains cas on ne sait plus si elle a 27 ans ou 72.
Se rendre désirable afin d’être séduite est une mauvaise transaction pour la femme. Elle fait une promesse si l’autre l’accepte : « Donne-moi ta protection et je te donnerai mon âme. »
Travailler sur soi et se conformer à une image, c’est vivre dans la contradiction et la conscience aiguë de soi. Être « omni-consciente » de soi est une forme de schizophrénie. Cette pression permanente fatigue à la longue. On imagine mal. Il faut le vivre pour comprendre tout ce travail de contorsionniste. Ce n’est pas étonnant qu’elle soit plus touchée que l’homme par la dépression, le burn-out et l’état permanent d’épuisement.
Quand on prend le temps d’additionner toutes ces tâches qu’elle doit exécuter pour exister, tout le matériel nécessaire, les accessoires et tout le reste, ça laisse pantois et songeur. Toute cette scénarisation est essentiellement là pour séduire, se séduire et être séduite. Il y a tout de la starification. Mais pourrions-nous imaginer un scénario hors de l’incarnation des images ? Faut-il nécessairement se travestir pour être légitime ? Peut-on accepter la femme telle qu’elle est, naturellement, sans aucun besoin de transformation « matérielle », tout comme on le fait pour un homme ? Pourquoi lui imposer tout ceci ?
La sexualité mérite que l’on fasse un petit détour. La religion a toujours nié le plaisir et le désir sexuel. Le corps des femmes, la période menstruelle et l'accouchement y ont été considérés comme impurs dans certaines religions. On trouve aussi dans la genèse, le récit d’Adam et Eve qui, aidée du serpent, tente le pauvre malheureux pour qu’il goûte au fruit défendu. La femme a symbolisé la tentation et le mal, détournant l’homme de dieu.
La sexualité a aussi engendré la pornographie sur internet. C’est une culture de la performance, de la marchandisation du corps des femmes, et de toutes les dérives violentes et les fantasmes vulgaires. Cela n’arrange pas ses affaires.
Si l’on est un homme, on veut alors ressembler à ces étalons qui peuvent tenir des heures sans jouissance, dans des pratiques sexuelles toujours plus déviantes, perverses et brutales. La domination et l’humiliation semblent être les standards en vigueur. Ces archétypes de la pornographie ont établi des normes qui viennent pervertir la découverte des corps, de la sensualité et de la douceur dans les couples.
Quant aux femmes et aux images associées, elles encouragent la soumission et la jouissance dans la douleur. Chez l’homme, la partenaire a tout de la prostituée. Ses images et son besoin de performer, le conduisent à entretenir une relation biaisée et malsaine. On peut clore cette parenthèse sur la sexualité qui mériterait un traitement particulier.
Nous disions donc que les hommes n’ont aucune idée de l’ampleur du chantier. Les femmes le savent bien. Elles se regardent toujours aussi surprises de voir comment elles peuvent rivaliser d’imagination pour obtenir l’attention des hommes, ou bien pour les garder satisfaits. Et oui, ça crée de la fraternité féminine tout cela. La souffrance et l’isolement ça rapproche, ça solidarise.
Chez l’homme, c’est beaucoup plus simple. Quand il travaille sur lui-même c’est pour avoir plus de muscles, de connaissance ou de pognon. Pour le reste, il entretient son image virile, c’est tout.
À ce stade, le sujet est bien dégrossi. Je propose donc un petit break, un verre d’eau ou une pause pipi. Je ne voudrais pas vous perdre en chemin, car le sujet est central.
Il nous reste maintenant à aborder ce qu’il se passe quand ces deux êtres se rencontrent, une fois le costume endossé. Quelle est alors la nature de leur relation ?
Au début, il y a la galanterie, ce "code de conduite" fait de compliments flatteurs à l'égard de la femme. On prend pour acquis que la galanterie est une chose noble et vertueuse. On ne questionne pas ce concept ancré dans la tradition de la relation amoureuse. On ne parle pas ici d’attention à l’autre, ni de sensibilité, qui ne sont nullement des spécificités réservées aux femmes, mais à tout un chacun.
Non, la galanterie est exclusivement consacrée aux « dames ». Mais, au-delà des us et coutumes, qu’est-ce vraiment que la galanterie ? Est-ce un traitement de faveur ? En faveur de quoi au juste ? Pourquoi devrions-nous, là encore, faire une exception ? Pourquoi réserver une délicatesse particulière ? Au nom de quoi ? Et quelle est cette particularité ? Non, tous ces schémas entretiennent la division. Une relation saine est une relation réciproque et complémentaire. J’ai rencontré des femmes allemandes qui m’expliquaient qu’elles détestaient qu’un homme leur ouvre la porte par exemple. Elles prenaient cela pour une forme d’inégalité et le ressentaient comme de la faiblesse. Je comprends cela très bien.
À ce stade, il n’y a pas de lien réel possible, seule une cohabitation contractuelle est faisable. Chacun entretient le mythe voyez-vous ? Chacun joue sa partition conditionnée. Il ne peut y avoir de communion possible dans la division.
Mais pourquoi vouloir créer tant de différences, tant physiques que psychologiques ? Pourquoi avoir accepté de s’isoler de l’autre à ce point ? Pourquoi vouloir à tout prix posséder l’autre et en dépendre psychologiquement et sexuellement ?
Et puis on trouve le grand projet du couple, à savoir : avoir des enfants. C’est bien souvent une manière de s’attacher pour dépendre de l’autre. N’y a-t-il pas déjà assez d’enfants qui souffrent sur terre ? Pourquoi ne pas en adopter des qui sont dans la détresse ? Ne souffrent-ils pas déjà tous ? On peut se poser la question.
Quand on évoque le sujet de l’homme et de la femme, on doit passer en revue les différences qui semblent les opposer. L’un a un pénis, l’autre pas. Et alors ? L’une peut enfanter et l’autre pas. Là encore, et alors ? L’une a ses règles et l’autre pas.
Quand on prend le temps de la réflexion, sereinement, sans romantisme ni émotion, on voit que ce qui régit l'individu est d'ordre psychologique. Nous ne sommes plus à l'âge de pierre, plus besoin de chasser le mammouth. Ce qui conditionne nos vies ce sont les peurs, les expériences, les doutes, les traumatismes, les souvenirs et les plaisirs. Cela peut varier selon la culture et le pays, mais on retrouve fondamentalement les mêmes préoccupations chez l’un comme chez l’autre. La seule différence est le conditionnement, les traditions, la culture et l’éducation.
Quant aux féministes en tout genre, leur seul combat est celui de pouvoir garder les images, d’entretenir les différences, de perpétuer les divisions. Mais il n’y a pas de salut dans cette forme de segmentation. Il n’y a pas de spécificité féminine, ni masculine d'ailleurs. L’identité et le genre sont des mythes. L’homme et la femme sont tous deux des êtres humains, et non pas des sexes. Il n’y a pas lieu d’entretenir ce qui n’est pas, voyez-vous ? La division est le début de tous les conflits et de tous les maux.
C’est en créant cette différence que l'on donne naissance à "l’autre", qui devient alors étranger. On invente un archétype incarnant tout ce qu’on ne comprend pas. Voyez les couples autour de vous, ce sont des livres ouverts, je n’invente rien.
Là où il y a un couple règne l’antagonisme, la violence, la jalousie, la dépendance et les innombrables conflits, sauf à de rares exceptions. La relation est biaisée avant même de commencer. On prétend à la normalité mais au fond, on sait bien que c’est un jeu de dupes, chacun faisant son petit cinoche, parfois même avec conviction. C’est qu’il en faut de l’énergie pour faire tenir un tel simulacre.
Le couple, cette cellule sociale, est le premier niveau du communautarisme primaire. Viennent ensuite la famille, le quartier, le village, la commune, la métropole, le département puis le pays. Sanctifier la famille, c’est sanctifier l’étrangeté chez les autres, ceux qui ne sont pas issus de la même cellule. Nous sommes pourtant tous les mêmes, et à ce titre nous partageons la même humanité et le même désespoir.
Il est possible de vivre ensemble, sans division et avec respect. La vie à deux implique de partager son existence avec un être qui souffre, et avec qui on peut apprendre à dépasser sa condition. On peut alors partager de l’amour.
Il faut être attentif pour voir qu’il n’y a ni dominant ni dominé(e), ni chasseur ni chassée, ni bricoleur ni cuisinière. Plus de rôles à assumer, pas plus celui qui prend que celle qui donne : images véhiculées par l’idéologie judéo-chrétienne, après deux mille ans de conditionnement. Ces anciens schémas provoquent l’injustice, l’exploitation de l’autre, la discorde et l’antagonisme. Parfois, je me demande quel monde nous aurions si les femmes prenaient leur juste place dans la vie…
Il faut un esprit sain et honnête qui nécessite un certain recul sur la vie, du temps et de l’espace pour questionner et percevoir ce que l’on est réellement. Et une fois le constat dressé, il n’y a plus d’autre façon d’exister que dans l’abandon des anciens modèles.
J’aimerais ajouter une dernière chose à cet essai, pour faire un tour bien exhaustif du sujet. Je voudrais adresser le mouvement LGBT, et plus particulièrement les Trans. Je ne vais pas forcément me faire des amis, mais je souhaite y apporter ma contribution. Je me fiche éperdument du politiquement correct et des schémas que tente de nous imposer cette nouvelle caste wokiste, issue des élites anglo-saxonnes. Je précise que je ne juge rien, je ne fais que décrire ce qui est sous les yeux de tous. Je compatis avec la souffrance d’autrui et comprends leurs tentatives d’y échapper.
Quel est tout d’abord cet élan qui pousse un homme à vouloir se travestir en femme, dont certains dans l’exagération ? J’ai toujours remarqué que chez la plupart d’entre eux, il y a un mépris profond de la femme, issue d’une perception dégradée de l’image féminine. Il s’agit bien souvent d’un traumatisme lié à la relation parentale et à l’éducation. Un homme qui ne s’accepte pas en tant que tel, revient à dire qu’il porte en lui une image détériorée du père et de l’autorité inhérente au modèle masculin. L’image du père est atrophiée, car la mère assume son rôle dans l’excès, de façon castratrice, effaçant ainsi la légitimité du patriarche. Le manque de repère provoque une instabilité intérieure et une insécurité psychologique.
C’est ce déséquilibre qui se transformera plus tard en rancœur, telle une cicatrice profonde. D’où ce besoin d’incarner autre chose, pour fuir le vide laissé par le déplacement du roi et de la reine sur l’échiquier. Il faut ensuite salir l’image féminine en l’incarnant à outrance, et en la déformant. Sans repère, l’enfant se perd dans le néant. Il devient alors fragile et enclin au doute. Il lui suffit de rencontrer une âme perdue pour trouver dans son combat l’identification et la justification de la transformation et de la mutilation. Il devient alors totalement égocentré et ne survit que dans l’apparence, les clichés et la provocation.
Il n’y a donc pas de spécificité trans, c’est une petite marge que l’on tente de mettre au centre. Mais cela n’en reste pas moins un épiphénomène. Le fondement de l’équilibre émotionnel chez l’enfant réside dans le juste rapport des représentations. Enlevez-lui ses repères, et cela donne le mouvement LGBT.
Comments