Ça fait tout drôle de se dire qu’on repart et qu’on lève l’ancre à nouveau. Que c’est bon de tout oublier, de voyager léger et d’avancer d’instant en instant sans l’influence du passé. Qu'il est agréable de tout découvrir à nouveau, vierge et sans image, précaire, neuf.
On avance dans la vie avec le sentiment qu’il faut savoir. On parle beaucoup d’acquérir de l’expérience et des connaissances. On a peur de se trouver sans réponse car on est tellement insécure, douteux, fragile et sans stabilité psychologique. On aime avoir réponse à tout, finir les phrases des autres, faire semblant d’être calé sur tout. On ne sait plus dire qu’on ne sait pas. C’est inconcevable. On ne veut pas être piégé, démuni, en manque d’inspiration. Mais que sait-on vraiment ? Pas grand-chose.
Savoir qu'on ne sait pas grand-chose entretient l'humilité et la simplicité. Cela permet de questionner réellement et de comprendre autrement. On ne sait pas encore ce qu’est cette forme d’intelligence qui est hors de la collecte d’infos et d’expériences en tout genre. Le cerveau doit rester à même d’observer sans être encombré de connaissances. Il est impératif de fonctionner depuis un disque dur avec un bureau vidé de ses dossiers, et dont les données ont été archivées.
On n’a pas idée de la puissance et de la capacité d’un tel disque, quand toute la mémoire vive est disponible chaque instant. On ne connaît que la lourdeur de machines alourdies par le poids et la quantité de fichiers en cours d’utilisation. Ces derniers sapent toute la mémoire vive et ralentissent l'ensemble des calculs. Toutes ses accumulations font surchauffer la machine et excitent l'ego. C’est lui le gros consommateur en arrière-plan, l’ogre insatiable. Il est gonflé à bloc, toujours prêt à imploser. Il n'y a plus de place dedans. C’est trop encombré de bric-à-brac. C'est usé et fatigué. Il est à remplacer par un de nouvelle génération de processeurs.
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