On constate que le contrôle du corps des femmes s'est installé dans l'espace publique afin de respecter une norme sociale imposée. La pression psychologique et les injonctions à se conformer à des standards de beauté dictés par une presse féminine qui peine à comprendre la violence derrières les images qu'elle impose n'étonne plus personne. On accepte cette violence le plus naturellement du monde.
La maladie de la beauté et comment notre obsession culturelle de l'apparence blesse les filles et les femmes sont à la source de cette aliénation féminine qui génère une omni-conscience de soi, responsable d'une forme subtile de schizophrénie de l'apparence et du contrôle.
L'origine de cette obsession du corps prend tout l'espace dès 1933 avec le chiffrage du corps et l'idéalisation des mensurations parfaites selon les critères d'une jente masculine en proie au désir et au besoin de séduire. Sont alors détaillées des normes de beauté chiffrées avec des tableaux de proportions idéales. C'est aussi dans les années 30 que les premiers concours pour élire "la reine des plages" apparaissent. On note que 64% des femmes se sentent mal à l'aise avec leur apparence sur les plages, c'est dire combien les dictas et les codes sociaux engendrent le plus grand désordre intérieur..
Dès lors que les femmes se découvrent, elles font l'objet du jugement de leur désidérabilité.
La psychanalyste allemande Karen Horney observe que tous les hommes possèdent un droit socialement sanctionné de sexualiser toutes les femmes, indépendamment de leur âge ou de leur statut.
La tyranie du "summer body" a des conséquences : les femmes succombent à la pression du regard des hommes en quête d'images et finissent par remettre en question leur corps et ne plus l'accepter. La féministe Naomi Wolf suggère que dans les années 80, l'accroissement des contraintes de la beauté féminine serait lié à la peur suscitée par leur libération. Selon elle les femmes acquiert plus de pouvoir dans le monde du travail, et elle explique comment le mythe de la beauté a été créé pour remettre en question ce pouvoir récemment acquis. Leur imposer des critères de beauté à respecter contribue à les affaiblir en créant une forme d'instabilité, un sentiment que la validation du regard des hommes peut leur être retirée à tout moment, et donc elles ne doivent jamais cesser de s'y conformer.
Les diktas du complexe mode beauté sont sources de toutes les insécurités psychologiques à cause de leur subordination permanente.
Cette espace de beauté semble un espace de liberté et d'expression mais les contraintes son telles que cela ressemble plus à un enfermement avec des codes qui évoluent en permanence. Au final, on observe que par exemple sur les plages le mouvement "topless" des années 70 reste minoritaire car les femmes avouent avoir peur du regard des hommes et craignent suscité leur désir et d'être l'objet d'agression physique ou sexuelle.
Les réseaux sociaux sont grandement responsable d'une certaine forme de censure puritanisme, et de vouloir conformer le narratif général en cantonnant les seins des femmes à une représentation d'organe sexuelle, ce qui n'est pas le cas. Les seins des femmes restent l'objet d'une bataille politique pour exister dans l'espace publique sans subir de sexualisation. Tout ceci est une histoire de contrôle du corps des femmes. Mais les seins sont en quête de libération. La nouvelle génération tente de retrouver la liberté du corps, et le mouvement "free the nipple" en atteste.
Les combats menés par les féministes se résument à ceci : faire advenir un monde où les femmes ne sont plus définies par leur corps.
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